(Eine) Winterreise
Un projet du Collectif Meute, CONCU par Sarah Théry, en partenariat avec Pompei, EN CO-PRODUCTION AVEC L'OPERA DE LILLE
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Winterreise – un voyage à travers la russie © Luc Delahaye
AVEC
FLÛTE, CONTREBASSON, KIWI / Quentin Manfroy
BASSE, SYNTHÉTISEUR / Gil Mortio
PIANO, SYNTHÉTISEUR / Christia Hudziy
CHANT LYRIQUE /Sarah Thery
CHANT / Karim Garbhi
CONCEPTION ET DRAMATURGIE
Sarah Thery
MISE EN SCENE
Claire Pasquier
Détours électroniques et orchestraux librement inspirés de l'oeuvre de Franz Schubert
« Fremd bin ich eingezogen, Fremd zieh ich wieder aus. » En étranger je me suis installé, en étranger à nouveau je m’en vais. Ainsi débute le Winterreise de Franz Schubert, voyage à travers le froid, la neige et la nuit. La traversée d’un désert blanc comme une tentative d’échapper à une mort que l’immobilisme rend certaine. A moins que cet exil forcé ne soit une manière de se précipiter au devant du trépas, la vie n’ayant de sens que dans la recherche d’un ailleurs, dans la marche inexorable.
« Eine Strasse muss ich gehen, die noch keiner ging zurück » : Je dois me rendre en un lieu inconnu, Dont personne n’est jamais revenu.
Pourtant ce voyage commence, comme bien des périples littéraires, par l’affranchissement d’un homme à sa vie confortable. Il s’en va, par amour de l’aventure, de l’inconnu. Un départ assez typique, tel un chuchotement, au cœur de la nuit, sans un adieux, sans une explication.
Mais tout de suite les conventions romantiques sont oubliées, effacées par le blanc immaculé de la neige. Il ne restera rien, ni volonté, ni but, ni passé, ni futur, les paysages eux mêmes engloutis. Ne restera que la marche, et les souvenirs de plus en plus incertains, de plus en plus brouillés : « Mais quel est donc ce désir insensé Qui me conduit en ces lieux désolés ? » La marche devient immobilisme dans ce paysage nu, sans contraste ni relief. Le voyage dans la solitude qui transparait dans un discours musical d’une sobriété absolue, d’une honnêteté immense ne se conclu pas, et il nous laisse, comme le disait Einstein « Au seuil de la démence », pareils au joueur de vielle, SDF dans un monde sans abris.
Schubert n’a que 31 ans quand il compose les Winterreise mais il se sait déjà condamné. Depuis cinq ans déjà il se bat contre la maladie vénérienne qui lui sera fatale un an plus tard. Un cycle de 24 lieder, divisés en 2 cahiers, que sépare un événement marquant dans la vie du compositeur : la mort de son idole, Ludwig van Beethoven. Un cycle qui reste aujourd’hui comme un moment phare de la musique classique, par sa sobriété, son dramatisme. Cette simplicité des lieder, qui valut de vives critiques au compositeur au moment de leur écriture est pourtant ce qui les rend aujourd’hui si célèbre, un côté folksongs qui a permis, au fil des ans, à de nombreux artistes de se réapproprier cette musique, pour le pire et pour le meilleur. Ici une redécouverte loin du dogmatisme ou de la recherche de genre. La voix classique se mêle aux sons électroniques, la flûte traversière s’empare des harmonies schubertiennes en les tintant de fugues de Bach dans des morceaux traversés par le jazz, la pop, les musiques du monde. Mais jamais il ne s’agit d’une réécriture, la musique improvisée et l’orchestration en direct étant au cœur de la recherche musicale.
Sarah Théry